Présence de matériaux à l’intérieur d’une œuvre.
Après s'être imprégné à l’École des Beaux Arts de Paris des différentes techniques et courants de la peinture occidentale, Nguyen Cam a eu l'opportunité de retourner dans son pays natal.
La multitude de perceptions, qui l'ont envahi à cette occasion, l'a enclin à insérer dans ses travaux des matériaux de récupération, comme des sacs de riz, des bâches de l'armée soviétique ou des cordages, qu'il a ensuite contrecollés sur sa toile peinte. Même si l’œuvre ainsi recomposée s’est éloignée des purs critères de l’abstraction, l'artiste a laissé la réalisation artistique exprimer cette nouvelle vie régénérée par la présence des souvenirs. En refusant de se laisser enfermer dans une symbolique trop prégnante, il a choisi de privilégier ainsi la présence des archétypes, tels qu'on peut les retrouver dans l'art rupestre et tels qu'il les a évoqués avec émotion : « Qu'il s'agisse de l'homme, de l'animal, de l'activité de la chasse ou de celle de la cueillette, on est mis en présence de représentations communes, simplifiées à l'extrême»1.
Dans l’œuvre Espace, Temps et Terre qu'il a réalisée en 2006, on retrouve en même temps en haut de la toile un décor de feuilles de ginkgo, comme des empreintes éternelles de la régénération du temps, et dans la partie inférieure un tissu aux contours déchirés, indiquant que l'artiste a commencé d'entrer dans l'automne de sa vie. Pour ce créateur respectueux d'une harmonie entre l'homme, l'univers et la vie, les différents aspects du passé que l'on ne peut changer avec la perspective d'un avenir désormais défini ont constitué un moyen d'entériner un nouvel accord passé avec le monde.
1Arnault Tran, Nguyen Cam, Hanoï-Paris:L'odyssée d'un peintre, Paris, Editions Alternatives, 2004, p.136