Lilie
Un dessin de fleurs et de mains a illustré sous la forme d'une étude botanique anthropomorphe une expérience douloureuse vécue par Le Hoang Bich Phuong. Lors de son séjour à Hanoi, celle-ci avait eu à subir quotidiennement à travers des mégaphones placés au sommet de poteaux électriques à chaque coin de rue, des chants et des discours relatant la cruauté des envahisseurs, suivie de la libération et de l'éloge de la guerre d'indépendance de son pays.
L'idée est venue alors à l'artiste de représenter symboliquement ces hauts parleurs sous la forme de lys aux pétales évasés, telles que l'on trouve ces fleurs en grand nombre dans la ville. Tout comme les chansons de propagande, ces fleurs promettaient d'apporter de la joie et du bonheur à partir de leur belle apparence, ainsi qu'à travers leur parfum persistant, même si l'entêtement de cette exhalaison pouvait conduire à une irritation douloureuse.
L'omniprésence de ces fleurs-mégaphones envahissant tout l'espace personnel, était censé rappeler à chaque habitant où se trouvaient son devoir et sa reconnaissance envers le régime actuel, de manière à la fois énergique et envoûtante. Les personnes dans le monde n'ayant jamais à subir un tel traitement ne pourront que frémir devant les effets d'une telle machination imaginée par une artiste tombée sous l’emprise d’une réalité tout aussi dévastatrice.